«C'est pas d'bol !, s'écria-t-elle en lisant cette nouvelle annonce. Il faut toujours que ça soit quand j'ai un peu d'énergie pour écouter que ça tombe à l'eau ! Décidément, ce rythme en dents de scie me tape sur les nerfs ! ». Force était de reconnaître qu'elle n'avait pas tort, et qu'à cette cadence, la réputation – pourtant indubitable et au blason d'un doré étincelant – de l'émission Radio Libre avait toutes les chances d'en pâtir tristement.

Il faut dire que ce n'était pas la première fois que, au détour d'un article sournoisement glissé dans les colonnes du site Internet de RADIOM, l'on annonçait une énième annulation, invoquant de fallacieuses raisons telles que la Crise, la faim dans le Monde, ou encore la pénurie de frites à la cantine.

Le Découragement était aux portes de la ville, et la tension était à son comble. Le sujet était sur toutes les lèvres. Combien de temps faudrait-il tenir la cadence, les moyens de production étant certes toujours les mêmes, mais la livraison ayant, par la force des choses, été réduite à un strict minimum (lire : In Radio Veritas) ?

Dans tous les commerces et les lieux de vie, on s'organisait comme on pouvait, tentant par tous les moyens de préserver un semblant d'activité qui ferait un peu oublier les tracas. Pourtant, le danger semblait loin et près à la fois, une présence sourde telle une chape de plomb, tapie dans l'ombre et recouvrant pourtant toutes choses.

Par-delà les campagnes, il se murmura une fois de plus que ce ne serait pas pour cette fois. La Découverte, le Savoir et la Connaissance... resteraient reléguées au lointain, avant que ne percent vaillamment les défenses de l'Obscurantisme qui règne encore aux abords de la Cité.

Et il est dit que le beau cheval blanc monté par Radio Libre entrerait triomphalement en ville la semaine suivante, et tous deux acclamés par une foule en liesse, heureuse de retrouver sa liberté, ils prendraient possession de l'antenne de RADIOM.

Mais pas cette semaine.